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POUR LA PATRIE

pauvre abandonné ne voulait pas parler en présence de deux personnes. Aussi prit-il la détermination de revenir seul.

Après avoir échangé encore quelques paroles avec leur étrange protégé, les deux visiteurs prirent congé de lui et dirigèrent leurs pas vers d’autres réduits où des pauvres plus loquaces et plus communicatifs les attendaient.

Deux heures plus tard, Lamirande, se trouvant libre, retourna seul auprès du vieillard. En gravissant le dernier escalier, il ne put s’empêcher de saisir ce bout de conversation :

— Alors je vous mettrai en pension quelque part à la campagne. Il m’est impossible de faire plus.

— Je te le répète, fils dénaturé, je mourrai dans ce galetas. Je n’accepterai pas cette bouchée de pain que tu me jettes comme à un chien. Tu as honte de moi ! Eh bien ! tu ne seras pas longtemps exposé à rougir de ton père !

À ce moment Lamirande frappa à la porte entr’ouverte.

— C’est sans doute quelque pauvre voisin du quartier, dit tout bas le vieillard à son fils. Va ouvrir. On croira que c’est une simple