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POUR LA PATRIE

— Que voulez-vous dire ? balbutia le malheureux.

— Voici. Vous le savez, je puis prouver que vous vous êtes vendu au gouvernement et je puis vous jeter sur le pavé. Je ferai l’un et l’autre si vous ne votez pas comme je veux.

— Mais c’est une cruauté inutile. Un vote de plus ou de moins ne peut pas changer le résultat. Je ne voterai pas contre, cela devrait vous suffire.

— Cela ne me suffit pas, parce qu’un seul vote peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Le président de la chambre, j’en suis convaincu, est contre nous. Il ne faut donc pas qu’il y ait égalité de voix. Tous les députés catholiques voteront contre nous, et en quittant la chambre j’ai vu plusieurs députés ministériels non catholiques qui entouraient Lamirande. Le résultat peut dépendre de votre voix. Il me la faut, entendez-vous !

Et le ministre s’en alla brusquement, laissant le misérable député en proie, non au remords qui sauve, mais à la rage, au désespoir qui perd.