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POUR LA PATRIE

que c’est, au contraire, le premier ministre qui a voulu corrompre monsieur Lamirande.

« Maintenant, messieurs, vous vous demanderez, sans doute, comment il se fait que nous ayons gardé si longtemps le silence. La raison, la voici. À peine monsieur Ducoudray fut-il assassiné que l’archevêque de Montréal a commencé à recevoir des lettres anonymes menaçant de mort tous les prêtres du pays si les secrets de la société étaient révélés. Dans ces lettres, on avait soin de ne pas menacer l’archevêque de Montréal lui-même. Il était décidé, tout d’abord, à garder le silence, n’osant pas exposer la vie de ses prêtres et des prêtres des autres diocèses ; car le meurtre de Ducoudray était une preuve que ces menaces n’étaient pas vaines. Les prêtres, mis au courant de la situation, ont prié, ont supplié, d’une voix unanime, l’archevêque de Montréal de faire connaître le complot ourdi contre l’Église et la nationalité française, quelles que puissent être, pour le clergé, les conséquences de cette révélation. En face de cette abnégation, l’archevêque de Montréal n’a pas cru devoir se taire plus longtemps. Il réunit ses collègues et leur communiqua toutes les pièces