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POUR LA PATRIE

à une vitesse de quatre-vingt-dix milles à l’heure.

Duthier, qui était quelque peu philosophe, lia conversation avec un autre voyageur.

— Ils ont beau dire, fit-il sentencieusement, le Progrès est une belle chose. Voyez comme nous filons ! Il y a cinquante ans, on croyait que la vapeur était le dernier mot du Progrès. Un train qui faisait régulièrement ses soixante milles à l’heure était presque une merveille : on en parlait dans les journaux. Aujourd’hui que l’électricité a remplacé la vapeur, soixante milles à l’heure, c’est bon pour les trains de marchandises. Pour les voyageurs, c’est quatre-vingts ou quatre-vingt-dix milles qu’il faut. J’ai même lu dernièrement qu’aux États-Unis et en Angleterre il y a des trains qui font cent milles à l’heure. Nous sommes toujours un peu en retard en ce pays-ci.

— Quand on déraille je trouve qu’une vitesse de quatre-vingts milles à l’heure est amplement suffisante, fit son interlocuteur.

— Oui, mais grâce au Progrès, au perfectionnement des voies ferrées, les accidents sont bien moins fréquents qu’autrefois.

— Moins fréquents, peut-être, mais certaine-