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POUR LA PATRIE

Lamirande ne put que balbutier quelques paroles à peine intelligibles. L’archevêque continua :

— Je sais ce que vous avez fait. J’ai vu votre lettre au clergé. Elle a produit tout l’effet que vous pouviez en attendre. Depuis plus d’une semaine ma table est de nouveau encombrée de lettres, mais celles-ci ne sont pas anonymes, et autant les premières me désolaient, autant les dernières m’ont rempli de joie et de consolation. Tous ont eu la même pensée. Tous m’ont écrit ou sont venus me voir. Tous, jeunes et vieux, séculiers et réguliers, ont dit la même chose : « Parlez, Monseigneur ; faites connaître les secrets que vous possédez, ne songez pas à nous, à ce qui peut nous arriver, mais à l’Église, mais au pays. » Pas un seul n’a tenu un autre langage. En face de ce mouvement sublime je ne puis hésiter davantage. Je vais tout vous mettre entre les mains, avec une lettre collective signée par tous mes vénérables collègues. Aucun député catholique n’osera voter le projet ministériel à la suite des révélations que vous allez faire…

— Je suis vraiment ravi, Monseigneur, reprit