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POUR LA PATRIE

accomplies par les riches. C’est une tentation, mon ami, repoussez-la par la prière.

Saint-Simon haussa les épaules et secoua la tête, mais ne répondit pas.

Lamirande et son compagnon, arrivés à destination, pénètrent dans une misérable baraque ; ils montent trois escaliers branlants et s’arrêtent à la porte d’une petite chambre sous les combles. Le docteur frappe et une voix aigrie lui dit d’entrer. Il ouvre la porte et un spectacle navrant se présente à ses regards : une chambre basse, sombre, nue, froide et sale ; au fond de la pièce un pauvre grabat sur lequel est étendu un vieillard. L’œil exercé de Lamirande lit sur le visage de cet homme les ravages de la maladie, ou plutôt de la faim et de la misère. Il voit non moins distinctement les traces d’une grande souffrance morale. Ce vieillard n’est pas un pauvre ordinaire. Ses habits, d’une coupe élégante et assez propres encore, forment un singulier contraste avec l’affreux aspect de la chambre. Lamirande s’approche du lit et regarde attentivement le vieillard.

— Où ai-je donc vu ces traits ? se dit-il en lui-même.