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POUR LA PATRIE

de lui. Je m’y suis rendu, rempli de joie et de confiance, comptant avoir bientôt des armes assez fortes pour nous permettre de remporter une victoire décisive sur la secte. Imaginez ma douleur en entendant Mgr  me dire que j’étais condamné à une immense déception. « N’avez-vous rien trouvé dans les papiers de Ducoudray ? » lui dis-je. « Au contraire, me répondit Mgr , j’ai trop trouvé. » Puis il me montra une table couverte de lettres anonymes, venues de tous les coins du pays, qui menacent de mort tous les prêtres si l’évêque révèle les secrets livrés par Ducoudray ou s’en sert en aucune façon. Je n’ai pu examiner toutes les lettres moi-même, mais Mgr  m’assure qu’il les a étudiées, avec ses collègues de l’épiscopat, et qu’il n’a rien trouvé qui puisse faire croire à une simple mystification ; et le meurtre de Ducoudray ne permet pas de dire que ce sont là de vaines menaces. Si la rédaction de ces lettres, au nombre de plus de cinq cents, est variée à l’infini, le fond de toutes est le même : on menace les prêtres, mais on a grand soin de dire qu’on ne touchera pas à l’évêque. Je n’ai pas besoin d’insister sur l’habileté infernale de ce procédé qui met