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POUR LA PATRIE

tarval, j’avoue que je suis au bout de mes ressources ; c’est un désastre sans nom qui nous est réservé. En attendant que nous connaissions notre sort, il faut, de toute nécessité, que nous hâtions l’adoption du projet de loi, sans pourtant presser la chambre assez pour exciter les soupçons.




Presque en même temps que se tenait cette conversation entre les deux conspirateurs, Lamirande et Leverdier se promenaient ensemble dans une des grandes allées qui conduisent de la rue Wellington à l’hôtel du Parlement. C’était vers la fin de février et le temps était beau, presque doux. Le soleil couchant dorait et empourprait les petits nuages lanugineux qui flottaient paresseusement çà et là dans le ciel bleu. Il y avait dans l’air ce quelque chose d’indéfinissable qui annonce que la saison rigoureuse touche à sa fin, ce quelque chose qui « sent le printemps », selon l’expression populaire. Les deux amis n’étaient pas en harmonie avec le calme profond de la nature. Tous deux ils étaient troublés, inquiets, préoccupés ; et le cœur de Lamirande