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POUR LA PATRIE

CHAPITRE XX.


Paratus sum et non sum turbatus.
Je suis tout prêt, et je ne suis point troublé.
(Ps. cxviii. 60.)


La sinistre nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Dès huit heures, tout Montréal avait appris l’assassinat du journaliste tristement célèbre. Les journaux publièrent aussitôt des éditions spéciales que les gamins vendaient par centaines, le visage rayonnant, le verbe haut. Un meurtre ! quelle bonne aubaine ! Aux coins des rues, dans les chars électriques, aux portes des hôtels et des gares de chemins de fer, ils criaient de toute la force de leurs poumons : « Terrible meurtre à Montréal. M. Ducoudray, rédacteur de la Libre-Pensée, assassiné d’un coup de poignard dans la rue Sainte-Catherine, à deux pas du poste de police, » sur le même ton qu’ils auraient proclamé le résultat d’une course ou d’une élection.