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POUR LA PATRIE

bataille doit se livrer contre la superstition et la tyrannie des prêtres. Si nous remportons la victoire, c’en est fait à tout jamais du cléricalisme en ce pays…

— Et de notre nationalité, et de notre langue aussi, dit celui qui avait accompagné le président.

— Qu’importe la nationalité, qu’importe la langue, reprend le maître, en lançant à son interrupteur un regard chargé de sombres éclairs. Qu’importent ces affaires de sentiment si, en les sacrifiant, nous parvenons à écraser l’Infâme, à déraciner du sol canadien la croix des prêtres, emblème de la superstition, étendard de la tyrannie. J’ai déjà dit à celui qui m’a interrompu qu’il semble parfois être un adonaïte déguisé. Je le lui répète, et j’ajoute : qu’il prenne garde à lui !

— Pourtant, maître, fait un sectaire, il faut admettre que notre secrétaire, le frère Ducoudray, rend de nobles services à la cause par son excellent journal la Libre Pensée. S’il y a une feuille anticléricale dans le pays, c’est bien la Libre Pensée, n’est-ce pas ?

— Je le sais, poursuit le président, en faisant un grand effort pour se contenir. Mes paroles