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POUR LA PATRIE

répéter les paroles qu’elle me faisait dire : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce »… Non… je ne puis pas continuer…

Longtemps il resta plongé dans une amère rêverie. Puis, se levant brusquement : Il faut secouer cette torpeur, se dit-il, chasser ces idées… C’est trop tard pour moi de revenir sur mes pas. Je suis allé trop loin dans le mal… Voilà que ça revient ! Le mal ! Mais enfin, qu’est-ce que le mal ? qu’est-ce que le bien ? Décidément, il me faut quelque distraction… J’y pense ! C’est ce soir que le fameux Père Grandmont commence ce qu’ils appellent une retraite, à Longueuil. Il paraît que le vieux dit des choses bien drôles. Si j’y allais ! Cela changerait mes idées et me donnerait peut-être le sujet d’un joli article pour demain. Rire un peu des jésuites, ça prend toujours.

Puis il sortit, et passa devant la boutique du perruquier. Il ne remarqua pas un homme qui en sortit presque au même moment ; un homme qui portait de grandes lunettes noires et qui avait le collet de son paletot relevé jusqu’aux oreilles ; un homme qui craignait le froid, sans doute. L’homme aux lunettes suivit Ducoudray. Celui-ci entra dans un res-