Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
POUR LA PATRIE

instants avec une fixité sinistre. Une lueur d’enfer passa dans ses yeux. Puis il se leva et gagna en silence le couloir secret. En passant par la boutique du perruquier, il glissa quelques mots tout bas à l’oreille de l’affidé. Celui-ci fit un signe d’assentiment, tout en pâlissant.

Les autres visiteurs étant bientôt partis après Montarval, Ducoudray se trouva seul. Le dernier sorti, il ferma la porte à clé et alla s’affaisser dans un fauteuil.

— Qu’ai-je donc ? se dit-il. Est-ce seulement une mauvaise digestion, ou sont-ce réellement des remords ? Il me semblait que depuis des années j’avais étouffé ce que les chrétiens appellent les cris de la conscience. Et cependant j’entends parfois une faible voix qui vient je ne sais d’où et qui me dit : Tu es un misérable ! Est-ce la voix de ce qu’on appelle la conscience ? Serait-ce la voix de ma mère ?… J’ai rêvé encore d’elle, la nuit dernière… Son âme peut-elle venir me parler ?… L’âme existe-t-elle seulement ?… Il me semblait que j’étais tout petit enfant, que j’étais à genoux devant ma mère et qu’elle me montrait à prier. Je crois que je pourrais