tout rempli de trous et parsemé de cailloux, la crainte, la certitude même de faire quelques chutes, de vous meurtrir les genoux et les mains, cette certitude, dis-je, ne vous détournerait pas d’entreprendre le trajet. Tomber, cela fait mal, cela humilie ; mais cela n’empêche pas d’arriver au but, pourvu qu’on se relève.
— Mais pour se relever, il faut la grâce…
— Sans doute, et cette grâce est toujours accordée à qui la demande sincèrement. Si beaucoup restent par terre, c’est qu’ils aiment mieux être couchés que debout. Ils demandent peut-être à Dieu la grâce de se relever, mais c’est une demande qu’ils ne désirent pas réellement voir exaucée. Aimant la fange, ou la poussière, ou le gazon fleuri où ils sont tombés, ils veulent secrètement y rester, plutôt que de continuer leur pénible voyage. Tout en demandant à Dieu du bout des lèvres la grâce de se relever, ils seraient désolés si Dieu les relevait de force. Mais Dieu, qui voit dans le secret, ne les relève pas.
— Eh bien ! mon Père, je resterai à mon poste aussi longtemps que vous ne me direz