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POUR LA PATRIE

— Je ne pourrai jamais demander que tu meures, ma femme, ma vie !

— Mais ne pourrais-tu pas demander que la volonté de Dieu se fasse ?

Lamirande garde le silence.

Marguerite rassemblant, pour un suprême effort, les derniers restes de sa vitalité, poursuit :

— Oui, mon mari, faisons ce sacrifice pour l’amour de la patrie. Tu as travaillé longtemps pour elle, mais tous tes efforts, tous les efforts de tes amis ont été vains. Et voici qu’au moment où tout paraît perdu, Dieu te promet de tout sauver si nous voulons tous deux lui offrir le sacrifice de quelques années de bonheur. C’est un dur sacrifice, mais faisons-le généreusement. Il ne s’agit pas seulement de la prospérité et de la grandeur matérielle du pays, mais aussi du salut des âmes pendant des siècles peut-être. Car si les sociétés secrètes triomphent, c’est la ruine de la religion. C’est cette pensée qui t’a soutenu dans les pénibles luttes de ces dernières semaines. C’est cette pensée qui me soutient maintenant. Pense donc, quel bien en retour de quelques années d’une pauvre vie ! Ce n’est pas souvent que, par sa mort, une femme peut sauver la patrie…