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POUR LA PATRIE

Lamirande voit s’écrouler en même temps ses espérances de patriote et son bonheur domestique. Sa femme se meurt : la cruelle maladie a fait son œuvre. Douce, résignée, elle s’en va comme elle a vécu, en parfaite chrétienne ; ce qui ne veut pas dire en indifférente. Jeune encore, elle tient naturellement à la vie. Elle lutte contre la mort qui s’avance. Aimée et aimante, l’idée de la séparation d’avec son mari et son enfant l’épouvante. Mais elle répète avec le Sauveur au jardin des Oliviers : « Mon Dieu, si vous ne voulez pas que ce calice s’éloigne de moi, que Votre volonté soit faite et non la mienne ! »

Pour Lamirande, il ne peut pas accepter la coupe d’amertume. Il quitte la chambre de sa femme et s’en va dans une pièce voisine se jeter à genoux devant une statue de son saint Patron, et là, il répand son âme dans une prière suprême, dans une supplication déchirante : « Grand saint Joseph, répète-t-il sans cesse, vous pouvez m’obtenir de Celui dont vous avez été le père nourricier la vie de ma femme. Obtenez-moi cette grâce, je vous en conjure. Dieu a permis la destruction de mes rêves politiques, des projets de grandeur que