Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
POUR LA PATRIE

depuis le matin, la pensée de sa femme mourante le torturait et l’aurait fait affronter un danger plus imminent encore. Il avait, du reste, un cheval vigoureux et un cocher prudent et sobre. Dans ces conditions, le retour à Québec était un voyage très pénible, mais ce n’était pas une entreprise folle.

Ce fut, cependant, avec le pressentiment d’un malheur que les gens de Lorette virent Saint-Simon partir quelques minutes avant Lamirande. Son cheval, tout en jambes, était peu propre à lutter contre le vent, et l’on avait pu remarquer que le cocher du journaliste et le journaliste lui-même eurent recours assez copieusement à l’eau de vie sous prétexte de se prémunir contre le froid.

La tempête augmentait toujours. La poudrerie était devenue vraiment terrifiante. On ne pouvait pas voir à dix pas en avant ou en arrière de soi. À chaque côté du chemin, dans les champs, rien qu’un vaste tourbillon blanc, confus, fuyant avec une rapidité vertigineuse.

Le cocher de Lamirande, pour se garer de la neige, s’était tourné à gauche.

Tout d’un coup, il se fait une courte accalmie. Mais pendant cet instant, Lamirande a