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POUR LA PATRIE

menace, et ses paroles de blasphème sortent en sifflant entre ses dents fortement serrées.

— Tu parles comme un vrai kadosch ! fait l’autre, avec un accent légèrement ironique.

— Et toi, on dirait parfois que tu es un adonaïte déguisé !

Puis ils continuent leur route en silence.

Les deux compagnons arrivent bientôt à une ruelle plus obscure encore que les rues environnantes. Ils s’y engagent furtivement, et frappent, d’une manière particulière, à la porte d’une habitation basse dont toutes les fenêtres sont fermées par de solides volets. Il y a un rapide échange de mots de passe ; puis la porte s’entrouvre et les deux ouvriers de ténèbres se glissent plutôt qu’ils n’entrent dans la maison.

Ouvriers de ténèbres ! Oui, car c’est dans cette maison obscure que se réunit le conseil central de la Ligue du Progrès de la province de Québec. Cette ligue n’est rien autre chose que la franc-maçonnerie organisée en vue des luttes politiques. Sauf le nom et certaines singeries jugées inutiles, c’est le carbonarisme : même organisation, même but, mêmes moyens d’action.