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POUR LA PATRIE

la tempête qui sévit depuis deux jours a complètement désorganisé le service.

C’est une nuit au commencement de novembre de l’année 1945.

Une bourrasque, plus violente que les autres, s’abat sur la ville. La pluie tourmentée devient poussière ; et le vent, s’engouffrant dans les cheminées, hurle lugubrement.

— Brrr ! fait celui qui a parlé le premier. On dirait que tous les diables sont déchaînés ! Est-ce loin encore ?

— Nous y serons dans un instant, dit son compagnon. Mais, pour moi, j’aime la tempête qui brise les croix, qui renverse les églises, qui fait trembler les hommes. C’est le souffle du grand Persécuté qui passe, Dieu de la nature ! Il secouera ses chaînes. Il triomphera. Il écrasera son éternel Ennemi. Il se délivrera lui-même et nous délivrera avec lui de la tyrannie d’Adonaï. Oui, j’aime tout ce qui est force, tout ce qui est rage, tout ce qui est fureur, tout ce qui renverse, tout ce qui brise, tout ce qui détruit.

En parlant ainsi, cet homme s’est arrêté. Son regard levé vers le ciel est aussi sombre que la nuit. Sa main fermée fait un geste de