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POUR LA PATRIE

gouvernementales abondent dans les ateliers du Mercure. On y travaille jour et nuit. Voilà ce que m’écrit mon correspondant de Montréal. Comme tu vois, le dieu du commerce fait des affaires.

— C’est-à-dire que ces malheureux se sont vendus au gouvernement, corps et âme !

— Ils appellent cela “recevoir des explications” !

— Mon Dieu ! s’écria Lamirande, vous n’aurez donc jamais pitié de nous ! Hélas ! Nous ne méritons guère que vos rigueurs, car nous ne savons plus faire le moindre sacrifice pour Vous. Nous ne savons même pas nous dévouer à la défense de nos propres intérêts, du moment que ces intérêts ne se traduisent pas par des chiffres. Voilà le fruit de cette éducation pratique à outrance qu’on nous donne depuis un quart de siècle. Les mots : honneur, dignité nationale, patriotisme, dévouement, sont des expressions vides de sens pour un grand nombre.

— Pourtant, dit Leverdier, il y a encore du bon chez nos populations rurales. Tu as dû le constater ces jours-ci, plus que jamais.

— Oui, sans doute, il y a encore du bon, il