— Je dois t’avouer qu’à part le tien je n’ai guère lu les journaux depuis que la campagne est ouverte. Que dit le dieu du commerce… et des voleurs ? Mercure, singulier nom pour un journal catholique !
— C’est un nom prédestiné. Qu’est-ce que le dieu du commerce dit ? Il ne dit rien. Il fait beaucoup, par exemple ; il fait son métier : du commerce, des affaires.
— Explique-toi donc ; je n’y comprends rien. Il me semble avoir vu dans ton journal des articles pas trop mal tournés reproduits du Mercure.
— Oui, mais cela a cessé net. Avant-hier, pas un mot sur la situation, mais un long article sur le monopole de la lumière électrique à Montréal. Hier, même silence sur la crise, accentué par une savante étude sur le commerce des grains à Chicago. Voici le numéro de ce matin qui m’arrive ; pas une allusion à ce qui préoccupe tous les esprits ; par contre, on y parle chemins de fer le long de trois colonnes.
— Les rédacteurs se sont peut-être épuisés. Tout le monde n’a pas ta fécondité, mon cher journaliste.