Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
POUR LA PATRIE

freuse cupidité ? Existe-t-il un autre vice qui le conduit dans d’aussi insondables abîmes d’infamie ? Qu’on ne l’oublie pas, c’est la soif de l’or qui a fait commettre le crime unique de Judas. Il avait été choisi par le divin Sauveur et élevé par lui à la dignité suréminente d’Apôtre ; il était destiné à devenir une des colonnes de l’Église, un des évangélisateurs des peuples, un de nos pères dans la foi. Il devait donc posséder des qualités réelles qui le désignaient au choix du divin Maître. Mais il avait un défaut : il aimait l’argent d’une manière désordonnée. Et ce défaut, malgré les grâces surabondantes qu’il dut recevoir pendant les trois années qu’il passa dans l’intimité de Jésus, le conduisit au crime le plus énorme et le plus invraisemblable qui ait été commis depuis que le monde existe. Le plus énorme, puisque jamais on n’avait vu et que jamais on ne verra pareil attentat contre une semblable Personne ; le plus invraisemblable, parce que jamais mobile aussi chétif n’a fait commettre forfait aussi grand. Judas ne pouvait avoir aucune haine à assouvir, aucune injure à venger, aucune ambition à satisfaire, aucun triomphe à espérer. Il a livré son Maître, qu’il