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POUR LA PATRIE

— Non, mais votre politique est-elle pratique ? La province de Québec peut-elle former un pays indépendant ?

— Rien ne s’y oppose. Grâce au retour d’un grand nombre des nôtres des États-Unis, nous avons aujourd’hui une population homogène de plus de cinq millions. N’est-ce pas suffisant pour former un état autonome, vivant de sa vie propre ?

— C’est un état catholique et français que vous voulez fonder ; une Nouvelle France.

— Certainement. C’est vers ce but que notre peuple aspire depuis qu’il existe, c’est vers ce but que la divine Providence nous a conduits à travers mille obstacles. L’heure de Dieu sonne enfin. C’est le moment pour nous de prendre notre place parmi les nations de la terre.

— Et que ferez-vous des protestants et des Anglais que nous avons au milieu de nous ?

— Vous le savez, leur nombre diminue avec une telle rapidité qu’il est facile de prévoir le jour où nous aurons pratiquement l’unité religieuse et l’unité de langue. En attendant, nous traiterons la minorité avec la plus large générosité, comme nous l’avons toujours fait, du reste.