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POUR LA PATRIE

vieux chef fit l’indigné et posa en victime. Il accepta la démission de son collègue, séance tenante, et lui fit sentir, en même temps, toute l’inconséquence de sa conduite. Est-ce au moment où la tempête gronde, dit-il, que les officiers doivent abandonner le navire ? Si vous ne pouviez pas accepter ma politique il fallait me le dire plus tôt et ne pas attendre qu’elle fût soumise aux députés.

Ce reproche était fondé. Sir Vincent avait eu connaissance du projet, mais n’en avait pas vu la perfidie. Il était donc dans une fausse position. Il sortit de chez sir Henry le trouble dans l’âme : sans portefeuille et avec la conscience d’avoir mal rempli son devoir.

Lamirande apprenant que sir Vincent s’était retiré du cabinet alla le trouver aussitôt.

— On m’apprend, sir Vincent, dit-il en entrant chez l’ex-ministre, que vous avez démissionné. Je viens vous offrir mes respectueuses félicitations et vous prier de vous mettre immédiatement à la tête du mouvement séparatiste.

— Oui, j’ai démissionné, malheureusement… je veux dire forcément ; car je ne puis pas prendre la responsabilité de la poli-