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POUR LA PATRIE

— C’est bien simple, répond Montarval ; vous allez me faire dissoudre cette chambre-là dès ce soir. Rendez-vous immédiatement à Rideau Hall et conseillez la dissolution au gouverneur. Il faut qu’il soit ici à huit heures pour renvoyer les députés devant le peuple.

— Mais ce sera un coup d’État !

— Sans doute, mais c’est de l’audace qu’il faut maintenant. Nous n’avons plus que cette ressource et nous devons en user largement. D’ailleurs, vous avez un prétexte tout trouvé, et pour le gouverneur et pour le public : en face de cette opposition inattendue, vous désirez consulter l’électorat.

— Et si le verdict populaire nous est défavorable ?

— Il faut prendre les moyens voulus pour qu’il ne le soit pas. Il faut semer l’argent à pleines mains ; mettre le trésor à sec, si c’est nécessaire ; exciter le fanatisme des provinces anglaises et compter sur la corruption et l’esprit de parti dans la province de Québec. De l’audace, vous dis-je, de l’audace !

— Mais je vais avoir une crise ministérielle sur les bras. Après le discours de Lamirande, les ministres français vont démissionner…