patriote. Pendant deux heures et demie, il parle, il tonne, il fulmine. Sous sa puissante logique, toute la perfidie de cette constitution élaborée au fond des loges apparaît en pleine lumière. Il met à nu tous les pièges, toutes les chausse-trapes qu’une main sournoisement habile avait cachés dans chaque article du projet. Il démontre que sous le régime proposé l’autorité des provinces ne serait plus qu’un vain mot ; que les législatures, dépouillées de leur autonomie, seraient à la merci du gouvernement central ; que les tribunaux provinciaux seraient sans prestige ; que toutes les sources du revenu seraient absorbées par le fisc d’Ottawa ; que sous prétexte de favoriser l’instruction, l’État s’en emparerait ; que la langue française pourrait être abolie comme langue officielle, même dans la province de Québec, le jour où la majorité de la chambre des communes le voudrait ; en un mot, qu’on menait le pays tout droit, mais hypocritement, à l’Union législative.
À mesure qu’il déchirait tous les voiles et mettait à découvert les ruses du gouvernement, une émotion croissante s’emparait des députés et du public qui encombrait les tribunes.