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POUR LA PATRIE

que piège. D’ailleurs, tu connais l’homme qui te tente ; tu sais que c’est un misérable…

Montarval regardait fixement sa victime. On eût dit qu’il suivait sur la figure pâle et défaite du journaliste les péripéties de la lutte qui se livrait dans cette âme affaiblie.

— Eh bien ! dit-il, en se levant comme pour s’en aller ; c’est entendu que vous me remettrez les vingt mille piastres d’ici à samedi midi… Je passe toujours les matinées chez moi.

— Attendez ! s’écria le misérable journaliste. Après y avoir bien réfléchi, je ferai le changement que vous désirez. C’est une question où il est bien permis de modifier son opinion. Je me prononcerai graduellement en faveur du statu quo.

Un sourire diabolique crispa les lèvres du tentateur, mais Saint-Simon ne le vit pas car il avait les yeux baissés.

— Je n’exige pas autant que cela, dit Montarval. Je vous demande de combattre les séparatistes, mais je ne veux pas que vous donniez votre appui au statu quo ; pas pour le moment, du moins. Et pour rendre votre tâche plus facile, je veux que vous combattiez