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POUR LA PATRIE

sur les avertissements de l’ange, et Saint-Simon déposa à la banque le prix de sa liberté. Et le démon, qui est habile, le laissa en paix pendant quelques jours. Quand la première horreur qui avait envahi l’âme du journaliste se fut émoussée, le mauvais esprit revint à la charge.

— Il te faudrait faire telles améliorations dans ton établissement, mieux monter ta maison afin de recevoir convenablement ceux qui vont te visiter ; ta table, ta cave, tes habits laissent à désirer.

— Et le billet, disait tout bas l’ange gardien ; comment paieras-tu le billet si l’on te demande de te déshonorer ?

— Oh ! tu pourras facilement trouver à faire un emprunt si le public voit que tes affaires ont l’air de prospérer. L’argent attire l’argent. D’ailleurs, ajoutait effrontément le malin esprit, il ne faut pas se méfier de la Providence.

— Il faut s’y fier, mais non pas la tenter, répondit l’ange.

Mais, comme la première fois, Saint-Simon écouta le Tentateur, et se livrant à ses penchants naturels, dépensa, en quelques jours, plusieurs milliers de piastres.