et la volupté. C’était la réalisation du rêve de Saint-Simon.
Montarval conduisit le journaliste à une vaste pièce, moitié salon, moitié cabinet de travail. Un valet, répondant à son appel, apporta du vin et des cigares.
— Maintenant, dit-il, nous pouvons causer sans crainte d’être dérangés.
— Ainsi, continua-t-il, le journalisme à bons principes ne mène pas à la fortune ! Un sage a dit que la vertu sans argent est un meuble inutile.
— En effet, répliqua Saint-Simon, le manque de ressources paralyse la presse en ce pays ; il paralyse, en général, nos hommes publics. Dans un pays constitutionnel, pour pouvoir se livrer avec avantage au journalisme ou à la politique, il faut posséder la fortune. Pourquoi vous qui êtes riche ne vous lancez-vous pas dans la politique ? Vous y feriez bientôt votre chemin.
— J’y ai songé quelquefois, et j’y songe dans le moment, répond Montarval. Il me serait facile, sans doute, de me faire élire ; mais un député, pour arriver rapidement, a besoin d’un journal sur lequel il puisse compter. Je pour-