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POUR LA PATRIE

mander Lamirande qui était à son siège de député.

— As-tu vu la dernière bêtise de Saint-Simon ? s’écria-t-il.

— Oui, fit tranquillement Lamirande, j’ai vu cet écrit, c’est plus qu’une bêtise, c’est un crime.

— Cet homme-là est-il fou ?

— Non, mon ami, il n’est pas fou. Il est quelque chose de pire qu’un fou.

— Je ne vois guère rien de pire et de plus dangereux qu’un fou qui se mêle d’écrire, répliqua vivement Leverdier.

— Un traître est plus dangereux qu’un fou, fit Lamirande.

— Grand Dieu ! s’écria le journaliste, tu le soupçonnes de nous trahir ! Tu vas plus loin que moi, je ne l’accuse que d’un manque incroyable de tact et de jugement.

— Je vais plus loin que toi, en effet. Je ne porte pas un jugement téméraire en te disant que Saint-Simon nous trahit froidement.

— Mais sur quoi te bases-tu pour croire à tant de perfidie chez cet homme qui, après tout, prétend défendre la même cause que nous ?