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NOTES DE VOYAGE

fet à la gare, nous nous embarquons sur un bateau à vapeur, le Vermont, amarré au quai, où l’on nous sert un repas fort passable pour lequel on nous demande, sans sourciller, la modique somme d’une piastre. Heureusement, pour ma bourse, j’ose l’espérer du moins, le boire et le manger ne me coûteront pas toujours aussi cher. Les restaurateurs de chemin de fer ont le monopole et ils en profitent, naturellement.

À Troy, nous quittons le chemin de fer Delaware and Hudson pour prendre le New-York Central, l’une des plus belles lignes des États-Unis. C’est un chemin à double voie, bien entretenu, et nous filons à toute vitesse n’arrêtant qu’à de rares intervalles. Nous sommes maintenant sur la rive est de l’Hudson que nous côtoyons presque tout le temps. Jolie rivière, mais qui n’a rien d’imposant comme le Saint-Laurent. Sur le soir, nous apercevons, à l’ouest de la rivière, les monts Catskill, qui ressemblent assez aux Laurentides un peu en bas de Québec. C’est dans les monts Catskill que ce pauvre Rip Van Winkle, héros d’un des plus jolis contes de Washington Irvine, s’est endormi pour ne se réveiller qu’au bout de vingt ans. Puis les ténèbres nous dérobent peu à peu la vue du charmant paysage.

À la gare centrale de New-York, mon beau-frère M. W.-H. Pambrun, qui demeure ici depuis deux ou trois ans, m’attend. Au plaisir de le revoir s’ajoute la satisfaction d’avoir un guide sûr pour me conduire à travers les rues de la grande métropole américaine que je visite pour la première fois.

Les moyens de communication à New-York sont très faciles ; il y a des tramways dans toutes les principales rues et en tout sens ; tandis que l’elevated, ou chemin de fer aérien, qui parcourt cinq ou six des principaux boulevards du nord au sud, vous transporte d’un bout à l’autre de la ville dans le temps d’y penser, pour la modeste somme de cinq sous. À New-York, tout le monde voyage par ces singuliers tramways qui, je crois, n’existent nulle part ailleurs. Il me semblait que leur aspect devait être très disgracieux ; il n’en est pas ainsi cependant, et