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NOTES DE VOYAGE

mêmes de la grande ville de New-York produit un singulier contraste. Les meadows traversés, nous arrivons à Newark, grande ville industrielle ; puis bientôt, car nous filons vite, à Avondale dont la petite église catholique s’élève près de la gare. Il est une heure du matin. Voilà dix-huit heures que je voyage presque sans interruption. C’est une bonne journée, et je me couche fatigué.


Vendredi, le 7 septembre.


Le retour à New-York dès huit heures du matin, j’expédie, aussitôt que possible, quelques petites affaires à l’agence Cook et aux bureaux de la ligne Cunard, puis je me mets en devoir de visiter la ville. Prenant le tramway de Broadway, je me dirige d’abord vers le parc central, véritable forêt située au cœur de la cité. Les new-yorkais sont fiers de leur parc, et il faut dire que ce n’est pas sans raison. Y entre qui veut, sans payer. Une police spéciale maintient partout un ordre parfait.

On prétend même que cette police du parc central est d’une sévérité draconienne. Les journaux se plaisent à lui « monter des scies » avec une verve tout américaine. En voici une affreuse :

La scène se passe en police correctionnelle, dans quelques années d’ici :

Le magistrat : — De quoi cette dame est-elle accusée ?

Le gardien du parc central : — De vandalisme, Votre Honneur ; sa robe a renversé une fleur.

Le magistrat : — Madame, avez-vous quelque chose à dire avant que je prononce contre vous la sentence de mort ?

Revenant par la cinquième avenue, j’admire, plus ou moins, les célèbres palais de pierre de taille brune qu’habitent les magnats de la finance américaine. C’est beau, un peu ; c’est grand ; surtout, c’est curieux. Mais au point de vue purement humain cela ne donne pas le bonheur. Et au point de vue de l’éternité, que tout cela est petit, inutile !