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OU RECUEIL D’ÉTUDES

Voyez comme cela est habilement, perfidement rédigé. On commence par dire que le paragraphe deux est abrogé, non le premier alinéa du paragraphe, mais le paragraphe, c’est-à-dire tout le paragraphe ; puis, pour ne pas trop réveiller l’attention, on ne parle que des pouvoirs des commissaires d’école, lesquels pouvoirs sont dévolus aux inspecteurs, ou plutôt au surintendant.

Si ce projet de loi est voté, tel qu’il est, les curés n’auront plus rien à voir dans les écoles, ils n’auront plus le contrôle et la surveillance de l’enseignement moral et religieux. On ne dit pas à qui ce pouvoir sera dévolu, mais on abolit cette partie de la loi qui assure l’exercice de ce droit aux curés. Or, l’exercice de ce droit est essentiel. Jamais l’Église ne consent à y renoncer ; elle ne peut pas y renoncer, car l’enseignement religieux et moral des peuples est une mission qu’elle a reçue directement de son divin Fondateur.

Mais à part cette atteinte portée aux droits souverains de l’Église, l’abrogation du paragraphe deux constitue une grave atteinte portée aux droits sacrés des pères de famille. Elle met tout entre les mains de l’État, elle place l’État entre les enfants et les parents, représentés par les commissaires. Or, cette doctrine de l’omnipotence de l’État en matière d’éducation est une doctrine détestable, une doctrine qui fait le malheur des pays d’Europe et qui sera la ruine du Canada si nous ne la combattons vigoureusement.

L’État a le devoir de protéger les droits des pères de famille ; il ne lui est pas permis de les absorber, comme on le fait en Europe, comme on veut le faire dans la province de Québec.



La clause quatre se lit comme suit :

« Il sera loisible au lieutenant-gouverneur en conseil de nommer l’un des fonctionnaires du département de l’instruction publique inspecteur général des écoles de la province.