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OU RECUEIL D’ÉTUDES

L’Électeur continue :

« Dans le même article, la Vérité commet une autre erreur, et en voulant reprendre M. Rouleau elle dit une énormité. Suivant elle, l’État n’a pas mission d’enseigner, l’Église seule a cette mission. »

Nous avons dit que l’État n’a pas mission d’enseigner, qu’il n’a pas de droit inhérent sur l’enseignement, qu’il ne peut posséder sur cette matière qu’un droit de police et un droit de délégation,[1] et enfin que sur le terrain de l’enseignement il n’y a que l’Église et la famille qui aient de véritables droits.[2] » Et cela, loin d’être une énormité, est la doctrine catholique.

Pour la modique somme de quinze sous, M. Pacaud peut se procurer un opuscule intitulé : « Conférences sur l’instruction obligatoire, par le R. P. Paquin, O. M. I. » Aux pages 60 et 61 de cet ouvrage il lira ce qui suit :

« J’ai prouvé, messieurs, que l’éducation, revêtue de son double caractère naturel et religieux, appartient de droit naturel à l’autorité du père de famille, et, dans un ordre supérieur de choses, tombe de droit divin sous la surveillance directrice et magistrale de l’autorité religieuse. J’ai prouvé, en outre, que tous les droits dévolus à l’État par la loi naturelle, ne peuvent commencer que là où finissent ceux de la famille, et doivent se résoudre en un droit de protection, inhérent à son devoir fondamental de protéger les intérêts des familles et des individus, droit de protection essentiellement exclusif de toute immixtion, de toute ingérence, de toute intervention. J’ai prouvé enfin que l’État ne peut exercer une action directe sur l’éducation qu’en vertu d’un droit de délégation basé exclusivement sur une concession tacite ou explicite, librement faite par le père de famille, librement consentie de la part de l’autorité religieuse, droit de délégation essentiellement revêtu du caractère d’un mandat, c’est-à-dire essentiellement révocable. »

  1. Ce droit de délégation, dont nous admettions alors l’existence en faveur de l’État, n’existe réellement pas, attendu que l’État n’est pas apte à recevoir une telle délégation.
  2. Il est bien compris que par enseignement nous entendons la formation intellectuelle et morale de l’enfance et de la jeunesse.