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MÉLANGES

« TU NE VOLERAS POINT »


15 juillet 1882


Voilà un des commandements donnés par Dieu lui-même au genre humain tout entier, il y a bien des siècles.

Personne ne peut se soustraire à cette loi générale, ni les individus, ni les sociétés.

Il y a plusieurs manières de voler. Par exemple, retenir le bien d’autrui, sachant que c’est un bien volé, et connaissant le véritable propriétaire de ce bien, c’est un véritable vol.

Nous prions le gouvernement de la province de Québec de bien méditer ces paroles prononcées par Dieu lui-même sur le Mont Sinaï : « Tu ne voleras point. » S’il les médite tant soit peu sérieusement, il hésitera, nous aimons à le croire du moins, avant de consommer l’acte vers lequel on le pousse.

Nous voyons qu’il est de nouveau question d’ériger un palais de justice à Québec sur le terrain volé aux jésuites par le gouvernement anglais.

Il ne faut pas que le cabinet provincial s’imagine qu’il a un droit quelconque à ce terrain, parce qu’un autre l’a volé et le lui a transmis :

Le bien d’autrui tu ne prendras
Ni retiendras sciemment.

Quelle amère dérision de voir un palais de justice érigé sur un terrain volé !

Est-ce que le gouvernement ne croit pas que le diable trouverait notre justice fort à son goût ?

Que le gouvernement ne fasse donc pas un acte qui sera comme une nouvelle consécration du vol.

Qu’il ne scandalise donc pas le peuple canadien qui n’est pas habitué à voir le vol légal se pratiquer au détriment des droits de l’Église.

Qu’il n’enfreigne donc pas la loi de Dieu :

« Tu ne voleras point. »