Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
MÉLANGES

ment introduire ici les luttes qui divisent les Français. Nous voulons être de notre pays et de notre siècle ; mais il nous semble que les Canadiens-français, tant des États-Unis que du Canada, doivent s’affirmer de plus en plus comme nationalité distincte. Nous ne connaissons pas ce que l’avenir nous réserve. Tout ce que nous savons, c’est que notre pays ne fera jamais partie de la France. Nous sommes et nous serons toujours un peuple à part. Ayons donc notre étendard national à nous. Or, notre histoire et nos traditions nous indiquent clairement quel doit être cet étendard : C’est le drapeau blanc, le drapeau de Montcalm, le drapeau de Lévis, le drapeau de nos héros, le drapeau de nos pères.

Au lieu de la fleur de lys, ou peut-être mieux à côté de la fleur de lys, nous pourrions ajouter la feuille d’érable.



À PROPOS D’IDÉAL


20 octobre 1891


Un correspondant quelconque, qui signe algébriquement X dans le Journal de Québec, trouve le moyen de se rendre bien ridicule en très peu de lignes. Il veut savoir « en quel pays se réalise l’idéal du gouvernement parlementaire rêvé par la Vérité. » Le correspondant avoue qu’il n’est pas savant ; il aurait dû ajouter qu’il ignore même la valeur des mots les plus usités de la langue française.

L’idéal ne se réalise jamais, mais c’est en travaillant à le réaliser que l’homme produit des œuvres durables.

Le peintre et le sculpteur ne réussissent jamais à reproduire sur la toile et dans le marbre la beauté idéale qu’ils entrevoient sans cesse ; et cependant sans cet idéal, qui leur échappe toujours, leur pinceau et leur ciseau seraient impuissants.