avoir excusées. Encore une fois, c’est là le point faible de son augmentation.
Mais quel est le but pratique de l’écrit de M. l’abbé ? Le passage suivant le laisse entrevoir :
En face de pareils résultats que doit-on faire dans l’intérêt de la religion et de la nationalité ? N’est-ce pas évident qu’on doit essayer par tous les moyens possibles d’amoindrir le mal et d’augmenter le bien ? ne rien négliger, dans la critique et dans les rapports mutuels, de ce qui peut faire disparaître les préjugés et rapprocher les esprits ? L’exemple de nos anciens missionnaires est là pour nous indiquer la marche qu’on doit suivre.
Quand ils se trouvaient en présence de quelques indigènes qu’ils voulaient convertir, avaient-ils jamais la pensée de s’indigner et de les aigrir ? Au contraire, ils ne reculaient devant rien pour les adoucir, les attirer à eux et dissiper leurs préventions ; en un mot, ils se faisaient aimer, et une fois maîtres de leur cœur, ils l’étaient bientôt de leurs esprits. Ils les reprenaient avec douceur de leurs égarements ; et découvraient-ils en eux quelques bonnes aspirations ou dans leur conduite quelque vertu, ils y applaudissaient hautement et ajoutaient quelquefois à leurs éloges quelque présent ou quelque marque d’honneur, afin de les mieux encourager.[1] Et en agissant ainsi, ils ne s’imaginaient nullement sanctionner le reste de leur conduite. Personne ne s’y trompait, ni les missionnaires, ni les néophytes.
Pourquoi ce qui réussissait si bien autrefois ne réussirait-il pas aujourd’hui auprès d’esprits bien autrement élevés et droits ?
Nous en savons assez pour dire que les efforts tentés n’ont pas été tout à fait inutiles.
Quelle déplorable confusion dans les idées, jointe à une remarquable clarté de style !
M. Casgrain confond le rôle de critique avec la mission du prêtre. Le critique s’occupe de l’œuvre ; le prêtre, de l’ouvrier. Le critique s’adresse aux intelligences seules, il juge d’après les immuables principes de la vérité ; le prêtre, le missionnaire surtout
- ↑ Il faut croire que la comparaison boiteuse de M. l’abbé Casgrain n’a pas été goûtée en haut lieu, et que M. Parkman a été jugé trop et trop peu sauvage pour mériter quelque honneur ; car malgré cet éloquent plaidoyer, l’Université a reculé là où, selon M. l’abbé, les missionnaires auraient agi tout autrement.