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OU RECUEIL D’ÉTUDES

Ce n’est pas là une justification. Mais voici des faits plus récents.

Les chefs libéraux, notamment M. François Langelier, ont inventé ou plutôt importé l’influence indue cléricale, comme nous l’appelons dans notre baragouinage parlementaire. Ils ont attaqué la validité de certaines élections sous prétexte d’ingérence du clergé. Les tribunaux civils leur ont donné raison, au grand scandale des catholiques de ce pays. L’épiscopat, justement alarmé des ravages que faisaient parmi nous les doctrines les plus fausses, a protesté unanimement contre cette interprétation donnée à la loi, et a demandé à la législature de porter remède à cet état de choses.

Qu’a fait « le parti de notre religion » à Ottawa ? Absolument rien, notre correspondant le sait aussi bien que nous.

Qu’a fait ce même parti à Québec ? Moins que rien. Si notre correspondant l’ignore, nous le savons, nous.

Après la déclaration de l’épiscopat demandant la modification ou l’interprétation de la loi électorale, il y a eu un mouvement parmi certains conservateurs qui aurait sans doute produit le changement désiré sans les intrigues d’autres conservateurs. Vint ensuite la crise gouvernementale de 1878. En 1879 le « parti de la religion » reprit le pouvoir. Il aurait pu, sans difficulté aucune, faire modifier ou interpréter la loi dans le sens voulu par l’épiscopat. Au lieu de le faire, le nouveau chef de ce parti s’est mis à intriguer, à créer des difficultés là où il n’y en avait pas du tout, à persuader à celui-ci et à celui-là que la chose était impossible. Et l’on sait jusqu’à quel point il a réussi à empêcher le règlement de cette grave question.

Eh bien ! un parti ainsi constitué, avec un tel chef, n’est pas pour nous le « parti de la religion. »

Les chefs du soi-disant parti conservateur sont aussi imbus des idées libérales pures que les chefs de l’autre parti. Nous les combattons à cause de leurs idées, et en les combattant nous n’acceptons nullement « M. Joly et les siens. »