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MÉLANGES

neau, il y eut de nouveau union à peu près complète entre les Canadiens-français. Tous, d’un commun accord, se mirent à réparer les ruines causées par les pénibles événements de 37, à tirer le meilleur parti possible de la position qui était faite au Canada français.

Papineau revint de France imbu, plus que jamais, des idées révolutionnaires du temps. Il fit école, malheureusement. Le véritable parti rouge, ou libéral, date de 1848. Depuis cette époque, il a subi quelques transformations, il a changé plusieurs fois de programme, il a même voulu changer de nom, il y a une dizaine d’années, mais au fond, il resta à peu près ce qu’il était dès 1848. Bien qu’ils n’affichent plus certaines doctrines très dangereuses prônées jadis, les chefs actuels du parti libéral n’ont jamais répudié ces doctrines, et ce n’est pas les calomnier que d’affirmer qu’ils attendent le moment favorable pour chercher de nouveau à les faire prévaloir.

Dans ces derniers temps nous avons été témoin de la lutte acharnée qu’ils ont entreprise contre les droits du clergé.

En 1848 se forma, en même temps que le parti libéral, le parti conservateur qui lutta pendant longtemps contre les tendances funestes des chefs libéraux.

Peut-être dans le principe le parti conservateur fût-il uni et animé d’un même esprit. Nous en doutons cependant. Nous croyons qu’en scrutant les commencements du parti conservateur on y trouverait l’esprit gallican à côté de l’esprit catholique. Mais pendant assez longtemps l’élément franchement catholique du parti conservateur a plus ou moins dominé l’élément gallican. Mais ce dernier élément était un germe de maladie mortelle que le parti conservateur portait dans son sein. Il aurait fallu, dès le commencement, arracher ce germe fatal. On ne l’a pas fait.

Depuis une douzaine d’années que nous suivons les affaires politiques de la province, nous voyons cette lutte engagée entre les deux éléments du parti conservateur, et ce qui arrive aujourd’hui était facile à prévoir dès 1810.