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À la chambre, dans la presse, sur les hustings, ces gens n’ont ni foi, ni mœurs, ni principes, ni honneur, ni honnêteté. Ils n’ont qu’un but, c’est de satisfaire leur ambition, c’est d’arriver au pouvoir, c’est de s’y maintenir, c’est de servir leurs intérêts personnels : ils n’ont qu’un moyen d’action, c’est la politique d’expédients.

Quant à l’Église, ils s’imaginent que c’est une institution inventée expressément pour eux, pour les aider à atteindre leurs fins personnelles, une espèce de club politique. Mais les enseignements de l’Église, ils ne les respectent pas ; les droits du clergé, ils les combattent du moment que l’exercice de ces droits peut nuire à leurs petites affaires.

Voilà le libéralisme en action.


LA SITUATION ACTUELLE

13 mai 1882

Il y a actuellement dans la province de Québec trois partis bien distincts : le parti libéral, le parti libéral-conservateur, le parti conservateur ; c’est-à-dire les rouges, les bleus, et… quelle couleur donnerons-nous au parti conservateur pour le distinguer du parti bleu ou libéral-conservateur ? Car, il paraît être de rigueur, dans notre pays, de désigner les partis politiques par différentes couleurs. Disons donc que les conservateurs s’appellent les blancs. Ce nom n’est pas plus ridicule et a autant de sens que bleu et rouge.

Nous ne ferons pas ici une longue dissertation sur l’origine de ces trois partis. Disons en quelques mots que le parti rouge s’est formé de 1837 à 1848, sous Papineau. Avant cette première date il n’y avait pas de division parmi les Canadiens-français. Lors des troubles de 1837-38, un grand nombre de nos compatriotes, le clergé en tête, condamnèrent les moyens employés par Papineau et ses amis pour faire cesser les criants abus dont tous se plaignaient. Après le départ de Papi-