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MÉLANGES

irlandaise, et qui ne peuvent pas s’imposer la tâche de parcourir plusieurs gros volumes, de lire avec attention l’article de M. DeCelles. Ils y trouveront, en quelques pages, de quoi les édifier complètement sur cette question brûlante, de quoi dissiper bien des préjugés que la presse anglaise a réussi à accumuler contre le peuple irlandais dans les esprits les mieux disposés ; ils y trouveront la preuve que l’agitation irlandaise a pour but le redressement de deux torts immenses : le vol de la propriété territoriale et le vol de l’autonomie nationale. M. DeCelles remonte à l’origine des prétendus droits des landlords et fait aisément voir que ces droits reposent uniquement sur le pillage et la confiscation pratiqués sous Henri VIII, Élisabeth, Cromwell et Guillaume d’Orange. Quand on étudie l’histoire d’Irlande, quand on parcourt ces pages sanglantes et horribles, on s’étonne de l’héroïque patience de ce peuple que ses persécuteurs se plaisent à représenter comme intraitable.

L’article de M. DeCelles est donc à lire et à relire. Il est seulement regrettable qu’il l’ait commencé par une phrase malheureuse, aussi malheureuse et aussi fausse que le reste de l’article est opportun et vrai. Nous citons :

Depuis plus d’un siècle, dit M. DeCelles, l’histoire de l’Angleterre présente un magnifique spectacle ; on y voit une longue suite d’hommes d’état qui suffiraient à la gloire de plusieurs pays, développant, graduellement et sans secousse, un système de gouvernement que tous les peuples de l’Europe lui envient, et formulant un ensemble de principes et de doctrines politiques destinés à devenir le code gouvernemental du monde civilisé.

Une phrase comme celle-là est assez pour dégoûter le lecteur et l’empêcher d’aller plus loin ; mais nous sommes allé plus loin, et, encore une fois, nous avons admiré le reste de l’article, autant que cette entrée en matière nous avait abasourdi.

D’abord, l’exagération que se permet M. DeCelles au sujet des hommes d’état anglais passerait peut-être dans une amplification d’écolier, mais elle est souverainement déplacée dans un article sérieux. Gardons-