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L’Universe dit que si jamais le Canada était annexé aux États, nous aurions le droit de nous constituer en États indépendants ayant leur autonomie propre. Oui, si nous entrions librement dans l’Union, à la suite de négociations pacifiques ; mais non, si, à la suite d’une guerre entre les États-Unis et l’Angleterre, notre pays était cédé à la République à titre d’indemnité. Le vainqueur nous imposerait alors ses conditions.

Du reste, il y a une très forte tendance aux États-Unis à supprimer entièrement les droits souverains des États, au profit du pouvoir central. Depuis le commencement de la guerre civile, on a porté à ces droits des coups terribles, peut-être mortels. Le parti démocratique, qui luttait autrefois avec tant d’ardeur pour le maintien de ces droits, ne nous parait plus à hauteur de sa mission ; tout nous porte à croire que l’idée de centralisation est destinée à triompher, et que l’Union américaine perdra peu à peu son caractère fédératif. On conçoit que nous ayons tout à craindre de l’annexion aux États-Unis devenus un pays de centralisation.

L’Universe constate, comme nous, cette tendance à la centralisation aux États-Unis, et il ajoute qu’elle pourra bien un jour amener la rupture de l’Union. Et notre confrère entrevoit la formation d’un état indépendant composé du Canada et de la Nouvelle-Angleterre. C’est aussi l’idée de plusieurs autres penseurs. Nous la soumettons à la sérieuse considération de nos compatriotes établis dans les États de l’Est. Qu’ils conservent intactes, non-seulement leur foi, mais leur langue et leurs traditions nationales. Ils auront plus tard un rôle très important à jouer dans la formation de ce nouvel État qui se fondera peut-être un jour. Car si cet État doit exister, nous devrions avoir l’ambition bien légitime d’en faire un état catholique et canadien-français.

L’article de l’Universe nous inspire plusieurs autres réflexions, mais cet écrit est déjà trop long. Nous dirons seulement à notre excellent confrère, qu’en dehors de la province de Québec il n’existe pas, en effet, de sentiment national au Canada. Notre dis-