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MÉLANGES

est parfaitement libre de blâmer le ton sur lequel on répond à Son Éminence le cardinal Simeoni, mais il n’a pas le droit de troubler les consciences et d’entretenir la discussion en faisant d’une question d’égards, une question de dogme.

C’est la première fois que nous entendons dire que l’on « s’engage dans la voie qui conduit au schisme » en persistant, malgré tout, à porter ses griefs, prétendus ou réels, aux pieds du Souverain Pontife ! C’est tout simplement ridicule de parler de la sorte.

Si M. Bouchard veut réellement voir de la désobéissance, qu’il jette un coup d’œil sur la Patrie, la Tribune, l’Electeur. Il y trouvera des écrivains qui minent véritablement les doctrines romaines et qui font un abus effrayant du nom du Saint-Siège.



« Quelle différence y a-t-il, demande l’Électeur, entre ceux qui aujourd’hui disent que Léon XIII a été trompé sur la question de l’Université-Laval et Luther, qui au XVIème siècle, prétendait que Léon X avait été induit en erreur sur la question des indulgences ? Si le Monde et les journaux conservateurs qui marchent avec lui peuvent en appeler du Pape mal informé, au Pape mieux informé, comme le fit le fondateur du protestantisme, à quel titre peuvent-ils s’appeler le parti catholique. »

Ainsi parle M. Pacaud, ou quelqu’un en son nom, qui n’est pas plus fort que lui sur le droit canonique. La question de l’Université-Laval est une question de fait, et sans être hérétique, ou même mauvais catholique, on peut dire que le pape a été trompé sur cette question. La question des indulgences est une question de doctrine, ce qui est bien différent. Sur la doctrine, le pape est infaillible, il ne peut pas se tromper ; mais c’est exposer notre sainte religion à la risée des impies que de prétendre que les papes ne peuvent pas être induits en erreur lorsqu’il s’agit de faits particuliers.

Et cette affaire de l’appel du Pape mal informé au pape mieux informé, dont l’Électeur parle si lestement,