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doit exister éternellement Le Canada n’est plus d’aucune utilité pour l’Angleterre, qui, par conséquent, ne doit pas tenir mordicus à nous garder sous sa tutelle.

Et de notre côté, avons-nous un besoin impérieux du « lien colonial ? » Qu’est-ce que ce lien nous donne en vérité ?

L’honneur de faire partie de l’empire britannique sur lequel le soleil ne se couche jamais. C’est un grand honneur, indubitablement, mais cet honneur n’est accompagné d’aucun avantage matériel bien apparent, et il pourrait bien nous causer des désagréments sérieux.

Par exemple, que l’Angleterre et les États-Unis s’avisent un bon matin de se quereller et de régler leur différend à coups de canons, c’est vraisemblablement notre pays qui serait le principal théâtre d’une guerre dans laquelle nous n’aurions aucun intérêt.

Le « lien colonial », dit-on, nous empêchera un jour d’être englobés par notre puissante voisine. C’est plutôt le contraire qui est vrai. Comme nous venons de le dire, une guerre entre les États-Unis et la Grande Bretagne est chose fort possible. Advenant cette guerre, et advenant une victoire américaine, ce qui est encore possible, quel serait le sort du Canada ? Notre pays serait annexé infailliblement à la République voisine, sans que nous eussions rien fait pour mériter ce châtiment.

Nous voulons être bien compris : Nous ne désirons lias que l’on commence une agitation politique pour obtenir la rupture du lien colonial ; cette rupture, nous en sommes certain, ne manquera pas de s’opérer tôt ou tard sans que nous y mettions la main. Du reste, notre position est satisfaisante, pour le moment, et nous aurions tort de nous en plaindre.

Nos observations n’ont d’autre but que de faire comprendre à qui de droit que le lyrisme n’est pas de mise en parlant de l’Angleterre et du « lien colonial. » Soyons justes, soyons respectueux, mais soyons dignes. Surtout, tenons-nous debout pour parler à la Grande