Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
MÉLANGES

promis des révélations à ce sujet, et finalement ces révélations sont venues. Elles ont causé un certain émoi dans les rangs des deux partis. Pour piquer au plus court, voici ce qu’affirme la Tribune  :

« Nous affirmons qu’il a été sérieusement question de coalition et que des entrevues et des pourparlers ont eu lieu. Voici les points sur lesquels il y a eu accord.

« On admettait des deux côtés qu’aucun des deux partis n’était capable, seul, de faire les réformes nécessaires pour tirer la province de Québec des embarras où elle se trouve.

« On reconnaissait qu’il fallait abolir le Conseil législatif, sinon subitement au moins graduellement, simplifier considérablement les rouages de l’administration afin de réduire les dépenses, prendre les moyens d’éviter la taxe directe en obtenant de l’aide du gouvernement fédéral, en créant de nouvelles sources de revenu et en vendant au besoin le chemin de fer du Nord.

« On disait que l’union de nos principaux hommes publics aurait certainement pour effet d’activer le mouvement qui se fait en France en notre faveur, d’imposer confiance aux capitalistes de notre ancienne mère-patrie et que, dans le cas où, après avoir tout tenté, il faudrait avoir recours à la taxe directe, les deux partis réunis, seuls, pourraient la faire accepter par notre population. Les libéraux devaient être représentés par trois de leurs chefs dans le nouveau cabinet.

« Un seul obstacle a fout empêché, tout brisé.

« Les libéraux voulaient que M. Chapleau s’effaçât comme premier ministre, en faveur d’un conservateur plus acceptable. M. Chapleau aurait peut-être consenti à cette condition si on avait pu mettre la main sur ce conservateur, si surtout ses amis ne s’étaient opposés à cet effacement.

« Dans tous les cas voilà l’écueil sur lequel se brisèrent les projets de coalition qu’on discutait depuis des mois. »

Nous n’avons pas l’habitude d’accepter les dires de M. David comme des vérités incontestables, mais nous avouons volontiers que, dans ce cas-ci, le rédacteur de la Tribune parle comme un homme qui est sûr de son fait. Nous croyons que le fond de son article est vrai. Il va s’en suivre, dans les journaux de parti, une longue et orageuse discussion sur cette importante affaire ; nous tiendrons nos lecteurs au courant de ce