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OU RECUEIL D’ÉTUDES

férieure à ses vers. On y trouve trop de déclamation, trop d’efforts pour attirer l’attention du lecteur, trop de gesticulation, en un mot. Mais la syntaxe est respectée et le sens est clair.

La correction grammaticale de Papineau ne laisse à peu près rien à désirer. Mais la correction grammaticale ne constitue pas le drame.

Il faut dans le drame l’unité d’action. L’école moderne, je le sais, a rejeté l’unité de temps et de lieu ; mais l’unité d’action est tellement nécessaire au drame que Hugo lui-même, qui a tant osé en littérature, n’a pas songé à la supprimer. Or, M. Fréchette n’a pas observé cette loi fondamentale. L’action de son drame est distinctement double. Il y a d’abord les amours de Rose Laurier et de Hastings, qui ne sont pas un simple épisode, puisqu’elles traversent toute la pièce et en font une partie essentielle. C’est même autour de ces amours que se noue le peu d’intrigue que le drame renferme, c’est sur elles que se porte tout l’intérêt. Mais à côté du drame amoureux est le drame politique : L’insurrection des Patriotes, la bataille de Saint-Denis, la fuite de Papineau. À vrai dire, la partie politique n’est, qu’accessoire aux amours de Rose et de Hastings, et n’était-ce le titre : Papineau, drame historique, on pourrait considérer les événements de 37 comme un simple épisode, ou plutôt comme le cadre du tableau.

Voilà, à mon avis, le défaut capital de Papineau au point de vue de l’art dramatique.


Dans ce drame, il y a quatre actes et neuf tableaux, mais comme la scène se déplace à la fin de chaque tableau, on peut dire que c’est un drame en neuf actes ! C’est ce qu’on n’avait pas encore vu, je crois, mais avec l’art moderne il y a des accommodements. Du reste, il ne faut pas oublier le progrès. Il y a progrès partout ; c’est un mot, bien trouvé qui sert à couvrir la décadence universelle.


Il y a beaucoup, d’invraisemblances dans le drame de M. Fréchette. Souvent les personnages arrivent sur la scène ou en sortent sans raison valable ;