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MÉLANGES

poussé au pied du mur, il a fini par lâcher le cardinal.

Aujourd’hui, M. David, joue encore avec le nom et l’autorité du Saint-Père d’une manière scandaleuse. Écoutons le langage incroyable de ce triste écrivain :

« Nous avons oublié de faire la remarque, dans l’article qui précède, que nous avions donné au clergé plus de latitude en politique que le Pape ne lui en a accordé, en sorte que si nous sommes coupable le Pape l’est un peu plus que nous. Il faut être juste. »

Il faut être décent, M. David.

Vous oubliez une chose ; c’est que le Pape a juridiction sur le clergé, tandis que vous n’avez pas juridiction sur les prêtres et les évêques. Cela fait toute la différence du monde. Si le Pape juge à propos de restreindre l’action du clergé, pour des raisons particulières, s’en suit-il, M. David, que vous, simple laïque, ayez le droit de dire aux évêques et aux prêtres : « Vous irez jusque là, mais vous n’irez pas plus loin ? »

Pour convaincre M. David de ses erreurs, nous croyons devoir lui remettre sous les yeux un extrait de la lettre collective des évêques de la province, datée du 22 septembre 1875 :

« L’on objectera peut-être que le prêtre est exposé, comme tout homme, à dépasser la limite qui lui est assignée et qu’alors c’est à l’État à le faire entrer dans le devoir.

« À cela nous répondons d’abord que c’est faire gratuitement injure à l’Église entière que de supposer qu’il n’y a pas dans sa hiérarchie un remède à l’injustice ou à l’erreur d’un de ses ministres. En effet, l’Église a ses tribunaux régulièrement constitués, et si quelqu’un croit avoir droit de se plaindre d’un ministre de l’Église ce n’est pas au tribunal civil qu’il doit le citer, mais bien au tribunal ecclésiastique, seul compétent à juger la doctrine et les actes du prêtre. »

M. David peut être convaincu de deux choses :

Premièrement, que c’est là la doctrine de l’Église.

Deuxièmement, que les doctrines de l’Église ne changent pas.