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MÉLANGES

les deniers publics dépensés en faveur de l’agriculture ne produisent pas la dixième, peut-être pas la centième partie du bien qu’ils produiraient s’ils étaient appliqués avec jugement et discrétion.

Nous croyons que le Conseil d’agriculture, tel qu’il est actuellement organisé, est un obstacle sérieux au progrès agricole, loin d’être un moyen d’avancement. Nous ne demandons pas l’abolition du conseil, mais il faut de toute nécessité qu’il soit réorganisé, réformé.

Par une longue suite d’abus très graves, le conseil est parvenu à usurper un pouvoir qui ne lui appartient pas. Dès 1874, le commissaire de l’agriculture avouait, dans son rapport annuel, « qu’en dehors de la routine administrative, notre département exerce peu d’influence directe sur l’organisation agricole ; c’est au conseil d’agriculture qu’est réservée la direction du mouvement agricole. »

C’est le renversement de l’ordre. Le conseil n’a été créé que pour aviser le commissaire d’agriculture, non pour le contrôler, non pour se moquer de lui. La loi de 1869 est très formelle sur ce point :


« Tous les pouvoirs et devoirs administratifs, dit-elle, ayant trait au contrôle et à la régie des sociétés d’agriculture et des institutions d’enseignement agricole sont par le présent conférés au commissaire qui recevra leurs rapports annuels, leur paiera l’octroi provincial établi en leur faveur et leur donnera les instructions propres à assurer l’entier accomplissement des règlements généraux ou spéciaux adoptés à leur égard par le conseil d’agriculture, et il aura le pouvoir, en cas de contravention, de suspendre le paiement de la subvention à ces sociétés ou institutions, et, avec l’approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, de la supprimer. »


Cette disposition de la loi est restée lettre morte ; le commissaire l’avoue implicitement dans son rapport de 1874, puisqu’il dit que le département, en dehors de la routine, ne fait à peu près rien. Et nous pouvons ajouter que depuis 1874, les choses, au lieu de s’améliorer, n’ont fait qu’aller, de mal en pis.

Mais il y a quelque chose de bien plus grave encore : non-seulement le Conseil d’agriculture se met au-dessus du commissaire et du département de l’agri-