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MÉLANGES

marine anglaise, le transport d’un animal pesant 1,000 livves coûte autant que celui d’un animal pesant 3,000 livres.

Faut-il transformer nos races de bétail en vue des besoins de l’exportation anglaise ? M. Barnard n’est pas de cet avis. En premier lieu, il faudrait transformer notre système d’agriculture, remplacer nos prairies pauvres par de riches pâturages, et la paille, comme nourriture en hiver, par des aliments plus succulents. Cette transformation serait ardemment à désirer, sans doute, mais il est inutile de l’espérer avant bien des années.

Du reste, il est admis que les petites races bovines fournissent la meilleure viande et, par conséquent, commandent des prix plus élevés. Ne renonçons donc pas à nos petits animaux, mais cherchons un débouché ailleurs qu’en Angleterre, afin que l’exportation de notre bétail ne nous coûte pas un prix exorbitant.

Toutefois, M. Barnard est d’avis que dans les conditions les plus favorables à l’exportation, la production de la viande n’offre pas autant d’avantages aux cultivateurs que la production du lait. En premier lieu, il faut tenir compte du fait que les immenses prairies naturelles de l’ouest offriront toujours à l’éleveur de bestiaux des facilités que nous n’aurons jamais dans notre province. Il y a là-bas des millions d’arpents de magnifiques pâturages ouverts à tout le monde. Les gens de l’ouest nous feront donc toujours une concurrence que nous ne pouvons que difficilement soutenir.

M. le directeur de l’agriculture veut que nos cultivateurs portent toute leur attention sur la production du beurre et du fromage. Voici quelques chiffres qu’il donne. On peut être certain qu’ils sont exacts :

Il est établi que pour produire 100 livres de viande, poids en vie, il faudra donner à l’animal la même nourriture qu’il faut pour obtenir 64 livres de beurre, ou 175 de fromage gras. En estimant le beurre à 23 cents et le fromage gras à 11 cents la livre, moyenne, on arrive aux résultats suivants : Une même quantité de nourriture donnée produira, soit