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MÉLANGES

Si les journalistes du Haut-Canada veulent que l’œuvre de la confédération soit durable, il faut d’abord qu’ils se débarrassent eux-mêmes de cette ridicule francophobie, et qu’ils travaillent ensuite à la faire disparaître chez leurs lecteurs.


LA PAIX OU LA GUERRE


4 mars 1882


Le News, de Saint-Jean d’Iberville, est d’une humeur massacrante par le temps qui court, et il nous accable de ses épithètes les plus sonores. Notre confrère nous accuse « d’anglophobie » et prétend que nous voulons inspirer à nos compatriotes une haine aveugle contre la minorité anglaise. Cet écrivain féroce nous somme de nous amender sans délai. « Il est grand temps, dit le News, que la Vérité nous déclare si c’est la guerre ou la paix qu’elle veut ; si elle veut maintenir la bonne entente qui a jusqu’ici existé entre les Franco-Canadiens et les Anglo-Canadiens, ou si elle doit s’efforcer, comme elle l’a fait jusqu’ici, de détruire cette harmonie. C’est la paix ou la guerre, et la Vérité fera bien de considérer si le jeu vaut la chandelle ? »

Ainsi jase le News. Et de plus, notre confrère nous menace de traduire nos articles afin que ses lecteurs connaissent les terribles choses que nous disons. Cette proposition nous va à merveille ; nous sommes même prêt à fournir à notre belliqueux confrère, gratuitement, une bonne traduction anglaise de tous nos écrits où il sera question de la fière Albion.

Quant à cette accusation d’anglophobie, elle est tout simplement ridicule. Nous n’avons ni haine, ni préjugés contre l’Angleterre et ses braves habitants. On ne hait jamais son propre sang. Or, nous avons du sang anglais dans les veines, bien plus peut-être que le bretteur du News n’en a dans les siennes ; la langue