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MÉLANGES


18 décembre 1881


S’il fallait choisir entre « l’isolement » et l’adoption par nos compatriotes des idées dites modernes qui ont cours en France, nous dirions : restons isolés jusqu’à la consommation des siècles.

Pour que le contact du Canada avec la France officielle n’ait pas sur nous un effet désastreux, il faut une surveillance continuelle de la part de tous ceux qui ont pour mission de diriger l’opinion.

Nous l’avons affirmé et nous le répétons : dire sans cesse que nous n’avons rien à craindre, c’est rendre le péril cent fois plus grand.

En réponse au Monde, au sujet de nos relations commerciales avec la France, nous dirons seulement que nous souhaitons beaucoup que l’avenir ne justifie pas nos craintes ; nous désirons même ardemment qu’il donne raison à notre confrère contre nous. Cependant, nous persisterons à dire à nos lecteurs de temps à autre, si le Monde veut bien nous le permettre, que ces relations d’affaires avec les Français nous exposent à des dangers très réels. Et en le faisant, nous croyons faire notre devoir.


FRANCOPHOBIE


20 octobre 1881


C’est avec regret que nous constatons l’existence, chez un grand nombre de gens de la province d’Ontario, une haine profondément enracinée contre tout ce qui est canadien-français. Cette haine date de loin. Autrefois elle se traduisait par des cris féroces, des vociférations. C’était l’époque du No Popery, no French domination, époque où l’on affichait ouvertement la francophobie. Plusieurs personnes — et nous étions du nombre — croyaient que cet esprit funeste avait peu à peu disparu pour faire place à des idées plus larges,